mar. Avr 23rd, 2024

En 1837, le compositeur polonais Frédéric Chopin écrit l’une des pages les plus célèbres et les plus transcendantes de la musique funèbre : sa marche funèbre, qui sera plus tard incluse comme troisième mouvement de la Sonate n° 2 en si bémol majeur. À l’époque, le Semaine sainte de Séville s’éveillait et se débarrassait d’une époque socialement et politiquement convulsive, et tentait de recomposer son esthétique et ses manifestations.

Un nombre respectable de confréries n’ont pas existé, d’autres ont souffert d’un état de prostration important et d’autres encore ont survécu en accomplissant leurs stations pénitentielles lorsque les conditions les favorisaient. Les Confrérie de La Quinta Angustia (qui n’avait pas encore fusionné avec celle du Dulce Nombre de Jesús, puisqu’elle devait attendre 1851) célébrait ses offices dans l’église de San Alberto, dans les environs de San Isidoro, et quatre ans après la composition de la marche funèbre, en 1841, elle déménageait à la Parroquia del Sagrario et à Santa Cruz. C’était une époque instable et itinérante pour les confréries.



Le passé Jeudi SaintLongtemps après – plus longtemps que je n’aurais dû – je me suis forcé à attendre le mystère de la Quinta Angustia qui revenait par la Plaza del Triunfo. La ville semblait paralysée, plongée dans une bulle temporaire qui pouvait éclater à tout moment, comme immergée dans un temps déformé et étrange qui avance lourdement. Un silence étrange, presque inconfortable, enveloppe les pics acérés de la cathédrale et sur tant de verticalité, comme on martèle un cristal devenu toile d’araignée, Jésus, dans sa descente de croix, brise tant d’architecture royale. C’était le baroque, qui se balançait comme un pendule impitoyable et résolu.

Un contre-jour de sirops et d’ocres semblait transformer en huile les coutures de ce Dieu qui transcende sa propre fonction : est baroque sur baroque, c’est-à-dire mouvement. dans le statique. Et comme s’il s’agissait de tulipes noires, les marches se balançaient dans les prairies de minuit, comme si nous regardions la mer à l’aube. Une houle lente, lente, mais rythmée et infinie… Les Saints Hommes n’ont jamais terminé leur travail, et les pleurs de Marie se sont transformés en résignation, en abattement, dans un drame de l’attente.

Mais dans mon esprit – je ne sais pas si je l’avais déjà remarqué – était coincée, sans raison apparente, Maria Cleophas, qui, au pied de la scène, retirée et prudente, cachait une beauté absolument disloquée. Le raccourcissement du visage, le regard trouble et triste, un âge indéfini entre l’adolescence et l’enfance, la marche funèbre de Chopin sonnait comme si elle était née des profondeurs de la fête.

La Semaine Sainte suivit, elle se termina, elle passa, elle se perdit. Mais aujourd’hui encore, de temps en temps, j’ai l’impression d’être en train de Je suis assailli par la figure hypnotique de cette María qui en elle-même, dans cet ensemble immortel, est l’incarnation la plus humaine de la beauté. Je ne l’oublie pas. Plus encore : mes pulsations et mes souvenirs s’emballent. Comme si j’étais amoureux.

By Nermond

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