ven. Juil 26th, 2024

Rien n’est joué. De défini, beaucoup moins. Mais à la CGIL, une réflexion a officiellement commencé sur la possibilité d’ouvrir une grande saison référendaire. Une mobilisation longue et large pour tenter d’avoir un impact plus profond sur les transformations du monde du travail et des politiques publiques. A tel point que l’hypothèse de lancer une grande collecte de signatures pour demander divers référendums et/ou projets de loi d’initiative populaire est sur la table. En commençant par ceux qui visent à lutter contre la précarité du travail – par exemple, en abolissant certaines règles du Jobs act et sur les contrats à durée déterminée – jusqu’à ceux qui préparent déjà des instruments pour répondre aux réformes institutionnelles actuellement discutées au Parlement, telles que l’autonomie différenciée. Entre les deux, parmi les hypothèses toutes à vérifier, d’autres thèmes comme la défense de la santé publique, la sécurité sociale, le salaire minimum et la représentation syndicale.

Ce sont ces thèmes que la CGIL de Maurizio Landini a mis à l’ordre du jour lors des manifestations de l’année dernière – en particulier celle du 7 octobre à Rome avec une centaine d’associations laïques et catholiques intitulée « La via maestra » (La voie haute) – pour remettre au centre le modèle de démocratie décrit dans la Constitution. La Charte fondamentale qui repose sur l’égalité de toutes les personnes, le travail et les droits civils et sociaux fondamentaux que l’État a le devoir premier de promouvoir. Et qui, au contraire, a affirmé le leader de la CGIL ces derniers mois, « sont aujourd’hui souvent niés et que la politique du gouvernement Meloni est en train de mettre en péril ». D’où la réflexion du syndicat de Corso d’Italia sur la manière de poursuivre la mobilisation après, précisément, les manifestations nationales de rue et les grèves générales articulées par les territoires qui, toutefois, n’ont pas produit de changements substantiels dans les politiques gouvernementales. Sans exclure aucun instrument, y compris les référendums.

La semaine dernière, un premier séminaire d’approfondissement sur les scénarios italien et international s’est donc tenu à la CGIL avec la participation, entre autres, de l’historien et fondateur de la Communauté de Sant’Egidio, Andrea Riccardi, de la journaliste Lucia Annunziata et de l’ancien ministre et représentant du Pd, Rosi Bindi. S’en est suivie une réunion de l’assemblée générale du syndicat, qui a précisément commencé pour discuter de l’opportunité de lancer la campagne référendaire et législative. Une discussion encore ouverte, sur laquelle Landini lui-même avance avec une extrême prudence, qui sera reprise lors d’une nouvelle réunion de l’assemblée générale du syndicat dans les prochains jours.

Les nœuds sur lesquels débattent les dirigeants de la CGIL sont différents. Ils concernent le bien-fondé des propositions possibles sur lesquelles recueillir des signatures puis des soutiens, les questions à développer (opération peu aisée compte tenu du caractère abrogatif des référendums), mais surtout l’opportunité de lancer l’initiative et la construction éventuelle d’un large front de soutien. En commençant par les autres confédérations, puis en s’étendant au monde associatif laïque et catholique. Paradoxalement, mais sans excès, il serait plus facile d’associer certains mouvements à l’entreprise que la Cisl et l’Uil. Il est vrai, en effet, que cette dernière a « épousé » dans la dernière saison le choix conflictuel de la CGIL contre le gouvernement Meloni, mais s’associer à la campagne référendaire serait autre chose.

Certainement contraire serait alors la Cisl, qui a déjà clairement marqué la distance avec les stratégies des ‘cousins’, ne partageant ni le jugement négatif sur toutes les politiques économiques de l’exécutif ni le choix de proclamer les grèves générales de l’automne dernier. En fait, la confédération dirigée par Luigi Sbarra se caractérise de plus en plus comme une organisation non seulement autonome et détachée de la logique des alignements politiques, mais surtout d’une nature nettement contractualiste, qui n’exclut pas le conflit mais le subordonne toujours à la négociation. Un syndicat qui, à ce stade, poursuit comme objectif prioritaire et stratégique la percée de la démocratie économique dans notre pays à travers la promotion de la participation entre les entreprises et les travailleurs à tous les niveaux : de la participation aux bénéfices à l’entrée de représentants des travailleurs dans les conseils d’administration. Il n’est pas certain, bien sûr, que l’initiative de la CISL – qui est arrivée à la Chambre des députés sous la forme d’un projet de loi d’initiative populaire et a été accueillie favorablement par divers représentants politiques – produira des résultats concrets (des initiatives similaires ont échoué dans le passé), mais il serait certainement contradictoire et contre-productif d’accompagner une initiative référendaire ayant des objectifs différents dans l’intervalle.

Pour en revenir à la CGIL, la  » tentation  » de poursuivre la voie référendaire n’est pas sans précédent ces derniers temps : en 2017 déjà, en effet, la confédération avait recueilli des signatures sur trois questions concernant les licenciements et l’article 18, le système des bons d’achat et sur la responsabilité des mandants dans les contrats. Seules les deux dernières ont été déclarées recevables par la Cour constitutionnelle. Mais elles n’ont pas été déposées dans les urnes car, entre-temps, les règles dont l’abrogation était demandée ont été profondément modifiées par le gouvernement, alors dirigé par Paolo Gentiloni. Hormis les licenciements – sur lesquels la Consulta s’est à nouveau prononcée lundi, en estimant que les dispositions du Jobs act n’étaient pas inconstitutionnelles – la CGIL a obtenu un résultat significatif, bien que partiel, au moins sur le système des bons d’achat, qui a été sévèrement limité. Cependant, c’est précisément le gouvernement Meloni qui, au cours des derniers mois, est revenu à la charge pour relever les limites et élargir les possibilités de recours au travail auxiliaire rémunéré par des bons, dans l’éternel mouvement de balancier, d’avant en arrière, de la réglementation du travail dans notre pays, qui est de moins en moins stable et certaine.

La discussion qui s’est développée ces dernières semaines au sein de la CGIL porte cependant sur des questions qui vont au-delà de la sécurité sociale et de la réglementation du travail, dans des domaines plus larges : de la santé aux structures administratives et institutionnelles. Il s’agit en fait d’une campagne proprement « politique », au sens le plus large du terme, visant à (ré)affirmer un modèle économique et social alternatif à celui poursuivi par l’actuelle majorité de droite et de centre. Dans la réflexion du syndicat de Corso d’Italia pèsent non seulement le « dialogue de sourds » avec le gouvernement sur la fiscalité comme sur la sécurité sociale, mais plus généralement la marginalisation des syndicats, quand ce n’est pas sa stigmatisation comme dans le cas des grèves dans les services publics, dans une désintermédiation renouvelée par l’exécutif qui tend à privilégier le dialogue avec d’autres interlocuteurs sociaux et syndicaux que la CGIL, la CISL et l’UIL.

C’est donc un nouvel enjeu de représentation du pays entre politique et syndical qui est à nouveau proposé, en partie similaire à celui qui avait à l’époque mis aux prises le gouvernement Renzi et le syndicat Corso d’Italia lui-même. Mais cette fois, ce n’est pas seulement le modèle économique et de régulation du travail plus ou moins libéraliste qui divise, mais une vision culturelle et idéologique opposée. Et, dans ce cadre, la CGIL de Maurizio Landini est convaincue de représenter, plus et mieux que la majorité de droite, le pays réel composé de travailleurs qui paient des impôts et soutiennent le budget public, de citoyens qui veulent pouvoir compter sur des soins de santé publics et une protection sociale, d’Italiens qui veulent combler les différences Nord-Sud et ne pas risquer de les creuser avec des autonomies différenciées. Les référendums, un duel décisif.

By Nermond

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