dim. Oct 6th, 2024

La santé économique des familles italiennes au début de cette année 2024 semble meilleure qu’on aurait pu le penser. Une fois la vague d’inflation passée, le pouvoir d’achat commence à augmenter et le taux d’épargne progresse, tandis que la demande de personnel de la part des entreprises reste abondante. Les signes positifs sont nombreux, au-delà des avertissements plus ou moins réalistes sur les hausses de prix à venir lancés ces derniers jours par les associations de consommateurs.

La première nouvelle positive est la baisse de l’inflation. L’augmentation de l’indice annuel des prix à la consommation, qui était proche de 12 % il y a un an, continue de diminuer. En décembre, selon les premières estimations de l’Istat, elle est passée de 0,7 % à 0,6 %, le niveau le plus bas depuis février 2021. Calculée selon les paramètres européens, qui prévoient un panier de biens légèrement différent, l’inflation italienne s’élève à 0,5 %. Ce chiffre est bien inférieur à la moyenne de la zone euro, qui est de 2,9 %. L’Italie est, avec la Belgique, le pays ayant le taux d’inflation le plus bas parmi les vingt pays ayant adopté l’euro. La baisse de décembre contraste également avec la moyenne européenne, qui est en hausse, et avec celle des autres grandes économies de la zone euro : en France, l’inflation est passée de 3,9 % à 4,1 %, et en Allemagne, elle a bondi de 2,3 % à 3,8 %.

L’inflation a baissé parce que les causes de la flambée entre 2022 et 2023 ont pris fin. La première était la hausse des prix de l’énergie, en particulier du gaz naturel. L’Europe a réussi à réorganiser ses approvisionnements, en achetant plus de gaz liquéfié, notamment aux États-Unis, et les prix sont revenus à des niveaux soutenables : nous sommes autour de 35 euros par Mwh, un peu au-dessus des moyennes d’avant 2021, mais loin des pics à plus de 200 euros de l’été 2022. Les dépenses de « logement, eau, électricité et combustibles », qui représentent environ 12 % du budget familial moyen, ont diminué de 20 % en Italie au cours de l’année écoulée. L’autre cause de la flambée de l’inflation, les goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, a été résolue au fil du temps, la production des entreprises s’adaptant mieux à la demande des consommateurs. Le « chariot de supermarché », qui comprend les produits d’épicerie, les savons et les détergents, a moins ralenti que l’indice global : en décembre, il était de +5,3 %.

Si l’on veut faire un premier bilan, la vague d’inflation a laissé les prix moyens en Italie 13% plus élevés qu’à la fin de l’année 2021. Si l’on se réfère à 2015, l’année de référence actuelle pour l’indice européen des prix à la consommation, les prix italiens ont augmenté de 21,5%, légèrement en dessous de l’augmentation moyenne dans la zone euro (23,9%).

Les revenus n’ont pas suivi le rythme des prix et le pouvoir d’achat des ménages, qui fait le lien entre ce que l’on gagne et le coût de ce que l’on peut acheter, a diminué. Toutefois, la reprise s’est amorcée. Selon les calculs de l’Istat, le pouvoir d’achat a augmenté de 1,3 % au cours du troisième trimestre de l’année par rapport aux trois mois précédents. Par rapport à l’année précédente, il y a encore une baisse, de 0,6 %, mais cette contraction se réduit progressivement (elle avait atteint 4,4 % à la fin de l’année 2022). Il n’est pas exagéré de s’attendre à ce que cette contraction prenne fin au cours du dernier trimestre de l’année, après six trimestres consécutifs de baisse. Parallèlement, la propension à épargner, c’est-à-dire la part du revenu que les Italiens mettent de côté, augmente également. Au troisième trimestre, elle est passée de 6,3 % à 6,9 %, se rapprochant progressivement des 8 % qui étaient le niveau « normal » avant la pandémie.

Bref, il n’y a pas de quoi s’emballer, mais la situation économique des ménages est bonne. Et le travail ne manque pas, malgré le ralentissement du PIB. Le nombre d’Italiens actifs, 23,7 millions, n’a jamais été aussi élevé, le taux de chômage (7,8 %) reste faible et les entreprises continuent de chercher de la main-d’œuvre. Plus précisément, selon les données du bulletin du système d’information Excelsior de l’Unioncamere, les entreprises recherchent 508 000 travailleurs en janvier et continuent à avoir du mal à les trouver. C’est surtout dans les secteurs des services aux personnes (70 000), du commerce (68 000) et de la construction (51 000) que de nouvelles entrées sont nécessaires. La difficulté à trouver un emploi a atteint 49,2 % : en gros, un emploi sur deux est introuvable. Un problème qui ne peut être résolu uniquement en augmentant les salaires pour rendre l’emploi plus attrayant : dans un cas sur trois, il n’y a aucun candidat et pour 14,3 % des postes vacants, il n’y a pas assez de personnes possédant les qualifications adéquates.

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By Nermond

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