L’Europe s’est fixé 28 objectifs climatiques et environnementaux à atteindre d’ici 2030. Or, le premier rapport de suivi du programme de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), publié il y a quelques jours, met noir sur blanc le fait que très peu de ces objectifs seront atteints. Et par « très peu », il faut entendre deux ou trois. Les objectifs en question sont ceux fixés par le huitième programme d’action pour l’environnement (PAE) de l’Union, qui s’appuie sur le Green Deal européen : ces 28 points sont classés sur la base de huit indicateurs.
Le premier indicateur, « Atténuation du changement climatique », comporte deux objectifs : réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 et augmenter l’absorption nette des gaz à effet de serre par les puits de carbone. Si le premier de ces deux points est classé dans la catégorie « probable mais incertain », les perspectives sont moins bonnes pour le second, car l’objectif est « très improbable ». Les deux objectifs du chapitre « Adaptation au changement climatique » reçoivent tous deux la vignette jaune « improbable mais incertain ». Il s’agit, d’une part, de l’objectif « Pertes économiques liées au climat », qui vise à réduire les pertes monétaires globales dues aux événements météorologiques et climatiques, et, d’autre part, de l’objectif « Impact de la sécheresse sur les écosystèmes », qui vise à réduire les zones touchées par la sécheresse et la perte de productivité de la végétation.
Le même résultat (« improbable mais incertain ») est obtenu par les objectifs de l’indicateur « Économie circulaire régénérative ». Avec « Consommation de matières premières », l’objectif est de réduire de manière significative l’empreinte matérielle de l’Europe en réduisant la quantité de matières premières nécessaires à la fabrication des produits consommés. L’indicateur « Production totale de déchets » prévoit une réduction significative de la quantité totale de déchets générés d’ici à 2030. Sous le titre « Zéro pollution et un environnement sans produits toxiques », il y a enfin une note positive. Il est « très probable » que les décès prématurés causés par les particules seront réduits de plus de la moitié (55 %) par rapport aux niveaux atteints en 2030 ; en revanche, il est « improbable mais incertain » que l’objectif « Nitrates dans les eaux souterraines », qui devrait réduire les pertes de nutriments d’au moins 50 % dans les ressources en eaux souterraines sûres, soit atteint.
L’indicateur « Biodiversité et écosystèmes » comprend quatre objectifs, tous classés comme « improbables mais incertains ». Cet indicateur englobe la protection des zones terrestres, des zones marines, des oiseaux communs et des écosystèmes forestiers. Dans le cas des zones terrestres et marines, l’objectif est de protéger 30 % de la zone d’ici à 2030 ; dans le cas des zones forestières, l’objectif est d’augmenter le degré de connectivité des écosystèmes forestiers, en vue de créer et d’intégrer des corridors écologiques et d’accroître la résilience au changement climatique. Les « pressions environnementales et climatiques liées à la production et à la consommation de l’UE » sont l’indicateur le moins performant, avec trois points sur cinq jugés « très improbables ». Il s’agit des objectifs visant à réduire les niveaux de consommation d’énergie primaire d’ici 2030, à doubler le ratio d’utilisation des matériaux circulaires par rapport à 2020 et à étendre de 25 % la superficie des terres agricoles cultivées de manière biologique en Europe. Les deux autres points concernent l’augmentation des énergies renouvelables (au moins 42,5 %) et des moyens de transport collectifs : ils ont été classés comme « improbables mais incertains ».
Presque toutes les vignettes vertes du chapitre « Pressions sur l’environnement et le climat liées à la production et à la consommation de l’UE ». Les « dépenses de protection de l’environnement », qui devraient augmenter afin de prévenir, de réduire et d’éliminer la pollution et d’autres dégradations de l’environnement, ainsi que l' »indice d’éco-innovation », qui est l’un des moteurs de la transition verte, obtiennent le label « très probable ». Les points liés à l’augmentation de la part des taxes environnementales et des obligations vertes sont « probables mais incertains ». Le dernier objectif de cet indicateur insiste sur la réduction des subventions aux combustibles fossiles dans le but de les supprimer progressivement sans délai : pour l’Europe, il est « improbable mais incertain ».
Le dernier indicateur (« Bien vivre, dans les limites de la planète ») donne des résultats très mitigés. Les objectifs visant à augmenter la part de l’emploi vert dans l’ensemble de l’économie, d’une part, et la part de l’économie verte, d’autre part, sont assortis d’une coche verte « très probable ». Peu probable mais incertain » pour les points visant à réduire la consommation de terres à zéro, à réduire la pénurie d’eau et à réduire les inégalités environnementales en assurant une transition équitable. En revanche, il est « très peu probable » que le 28e objectif soit atteint : intitulé « Empreinte de consommation », il devrait permettre de réduire de manière significative l’impact environnemental de la consommation européenne.