sam. Juil 27th, 2024

Il n’y a pas de quadrature du cercle et devant les syndicats, le gouvernement se retrouve les mains vides, sans solution viable pour l’ex-Ilva. On espère qu’elle arrivera d’ici la fin de l’année, mais le temps presse.

Demain, la confrontation avec ArcelorMittal reprend, l’assemblée des actionnaires se réunit à nouveau pour la quatrième fois en quelques semaines, tandis que le 28 décembre, le gouvernement a prévu un Conseil des ministres extraordinaire. 

Immédiatement après, il rouvrira le dialogue avec les syndicats qui, hier, en signe de protestation, ont occupé la salle où ils s’étaient réunis pendant trois heures avec divers représentants du gouvernement. Il en ressort une division interne de l’exécutif entre la ligne de dialogue jusqu’au bout avec le partenaire privé du ministre des Affaires européennes Raffaele Fitto, qui avait signé en septembre un protocole d’accord avec ArcelorMittal, et la ligne plus interventionniste du ministre des Entreprises Alfonso Urso, qui a toujours été en faveur d’une participation majoritaire de l’État, qui en détient aujourd’hui 32 % à travers Invitalia. La ministre du travail, Marina Calderone, le sous-secrétaire du Premier ministre, Alfredo Mantovano, et le ministre de l’économie, Giancarlo Giorgetti, ont également participé à la réunion par liaison vidéo. L’exécutif a écouté les demandes des syndicats confédéraux, centrées sur l’actionnariat majoritaire de l’État, mais sans donner d’indications, et a renvoyé aux gouvernements précédents la situation embrouillée des pactes d’actionnaires de capestro, qui n’ont pas encore été entièrement analysés. Dans l’après-midi, le Palais Chigi a tenté de rassurer les esprits par une note officielle : « Le gouvernement a confirmé son intention de continuer à jouer son rôle », peut-on lire dans le communiqué, « et a assuré que la continuité de l’activité serait garantie ». Il a également convoqué les syndicats pour une nouvelle réunion d’ici la fin de l’année ».

Dans les déclarations des secrétaires confédéraux, il y a beaucoup d’inquiétude mais aussi la conviction que, cette fois, le gouvernement a compris que la voie des négociations avec ArcelorMittal est une impasse. Il est peu probable qu’il y ait déjà un « substitut » à l’horizon. La seule issue à court terme selon les syndicats est la capitalisation des 680 millions d’euros versés au printemps sous forme de prêt d’actionnaire et la nationalisation, au moins temporaire, de l’Acciaierie d’Italia.

Face aux trois issues possibles du conflit proposées : l’ascension publique comme seule solution, l’administration extraordinaire ou la situation actuelle avec le sujet privé, ont expliqué le secrétaire de la Fiom Michele De Palma, celui de l’Uilm Rocco Palombella et celui de la Fim Roberto Benaglia, le gouvernement n’a pas donné de réponse et n’en a exclu aucune.

« Une réunion difficile dont nous n’avons pas obtenu de réponses suffisantes et claires. Nous avons demandé au gouvernement, qui nous semble préoccupé par les batailles juridiques avec Mittal, de changer de cap », a souligné M. Benaglia, « il a répondu qu’il était prêt à assurer la continuité de la production à l’ancienne Ilva, mais que ce n’était pas suffisant. La continuité de la production peut également être garantie par une administration extraordinaire, ce qui serait un choix parfait pour les actionnaires mais désastreux pour les travailleurs et l’ensemble du système contractuel ». Pendant que les secrétaires cherchaient des réponses sur la place, les travailleurs ont protesté, parlant de « honte italienne » et d’un conflit qui dure depuis 12 ans sans plan industriel.

Le premier nœud à résoudre est celui de la liquidité. Au moins 320 à 380 millions d’euros sont nécessaires pour éviter le blocage de l’approvisionnement en gaz.  et répondre aux besoins immédiats, et un milliard et demi pour racheter les actifs d’Ilva en administration extraordinaire. Une manœuvre indispensable pour qu’Acciaierie d’Italia retrouve l’accès au crédit. Depuis le 23 novembre, jour de la première assemblée générale, ArcelorMittal a toujours refusé de payer sa part, soit 900 millions d’euros, et a présenté lors de la dernière assemblée un mémorandum juridique contestant le non-respect par l’État de la décarbonisation. Entre-temps, le géant franco-indien a sorti la filiale italienne du bilan du groupe, un expédient technique face à une situation désastreuse, signe supplémentaire d’un désengagement imminent.

Face à un nouveau refus du partenaire privé et au risque d’effondrement des usines, dont un seul haut-fourneau est actuellement en activité, il est probable que l’Etat n’ait d’autre alternative que de reprendre la majorité. En tant que partenaire public détenant plus de 30 % d’une entreprise stratégique, il pourrait activer la loi Marzano en demandant la procédure d’administration extraordinaire. Une troisième hypothèse sur la table est la recherche d’un nouveau partenaire industriel. Parmi les noms qui ont circulé dans le passé, celui de Metinvest, la société ukrainienne contrôlée par le magnat Rinat Akhmetov, qui a braqué son radar sur l’Italie et a décidé d’entrer à Piombino. Il est peu probable qu’elle envisage de doubler son activité, bien qu’elle ait envisagé l’ancienne Ilva dans le passé. Un géant indien, le conglomérat Tata, pourrait entrer dans la danse, qui pourrait être intéressé par les usines de Tarente, Novi Ligure et Cornigliano. Enfin, il y a l’hypothèse la plus dramatique, celle de la liquidation de l’entreprise et de sa mise sous séquestre pour repartir ensuite avec de nouveaux actionnaires. Pour l’instant, il s’agit d’une solution peu probable qui ferait perdre leur emploi aux plus de 10 700 salariés d’Acciaierie d’Italia (3 600 autres sont en surnombre) et au même nombre de travailleurs des industries connexes.

By Nermond

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