ven. Juil 26th, 2024

L’intelligence artificielle est un défi à relever (et à surmonter) à tous les niveaux, même en économie, mais avec beaucoup de réalisme. Peut-être en partant du fait que toute IA doit être « éduquée » par l’homme pour fonctionner. Car, en tant qu’élément fondateur d’une nouvelle révolution industrielle et sociale, l’Intelligence Artificielle n’est pas un moloch incontrôlé et incontrôlable, mais quelque chose qui peut et doit être conçu et gouverné pour faire grandir la société, l’économie, les personnes, le territoire. Même pour l’IA, il faut donc d’abord comprendre concrètement ses caractéristiques, son potentiel et ses limites. Peut-être en partant d’une application ponctuelle. Tels étaient les thèmes abordés à Turin par Domenico Siniscalco (président de la Fondation Luigi Einaudi) et Francesco Profumo (président de la Fondation Compagnia di San Paolo) lors de la présentation du projet « Pensiero liberale, dialogo attuale » (Pensée libérale, dialogue actuel), qui propose une plateforme (mise en place par Reply) pour explorer la pensée économique de Luigi Einaudi à travers l’application de l’IA à son fonds d’archives. Et c’est la combinaison inédite de liberté et de rapidité que l’IA détermine qui frappe ceux qui, d’une part, étudient le territoire et l’économie et ceux qui, d’autre part, cherchent à intervenir avec un regard attentif sur les personnes.

Il est vrai que la vitesse des progrès de l’IA est telle que l’on a presque l’impression que le sol se dérobe sous nos pieds », déclare Profumo à l’occasion d’une conférence de presse. Avvenire -Mais cela ne signifie pas que nous ayons perdu la capacité d’orienter le processus. Il n’est pas possible de l’arrêter, mais il est possible de l’orienter et de le réguler. C’est le défi que nous devons relever ». Et Siniscalco d’ajouter : « Ce qui me frappe à propos de l’intelligence artificielle, c’est la rapidité de sa diffusion et la profondeur avec laquelle elle a affecté le débat récent. Au printemps et même pendant les mois d’été de cette année, c’était un sujet réservé à quelques-uns. Aujourd’hui, elle est sur toutes les lèvres et a capté l’attention des médias généralistes. La rapidité d’analyse et de restitution des résultats me semble être la marque de fabrique de cette technologie ». Face à l’IA, on oscille cependant entre la peur et l’enthousiasme : les deux sont excessifs. Mais l’IA est une technologie qui doit être bien formée et contrôlée pour fonctionner. Profumo souligne : « Il me semble qu’il y a effectivement des domaines dans lesquels l’IA peut améliorer la vie humaine. A plusieurs niveaux. Nous pensons aux politiques publiques, de nature sociale ou éducative, à la surveillance du territoire, à la recherche médicale et à la médecine personnalisée, à l’éducation et à la formation ». De belles et importantes perspectives qui ne doivent pas occulter les risques qui existent pourtant, « ne serait-ce que parce que relativement peu de personnes ont la maîtrise de technologies qui touchent tant de personnes, avec d’énormes possibilités d’enrichissement pour les premières ».

Ainsi reviennent la pensée libérale, la démocratie comme bien inaliénable, la possibilité de choisir, le respect de l’homme et la prudence face à la prévalence du pouvoir de quelques-uns. D’où aussi l’importance de ce qui a été réalisé en exploitant la numérisation des archives de Luigi Einaudi et leur utilisation par l’IA. Avec cette technologie, explique Siniscalco, il a suffi de quelques mois pour que l’initiative prenne forme et devienne l’une des applications possibles dans ce domaine. Siniscalco souligne à nouveau : « L’utilisation de l’intelligence artificielle appliquée aux archives est une opération qui ne doit pas être considérée comme un rétroviseur de l’économie et de l’histoire, mais plutôt comme un outil pour regarder vers l’avenir. L’IA, à partir d’Einaudi, devient ainsi un outil utile pour unir l’analyse économique et l’éthique économique ».

« Connaître pour délibérer », donc, comme un grand principe Einaudi de bonne gouvernance qui, avec l’IA, confirme toute sa validité. « N’oublions pas, dit Profumo à cet égard, que l’économie, la liberté et l’information sont indissociables. L’IA peut être un important outil de recherche et de développement pour les entreprises, car elle permet de raccourcir le délai d’introduction des produits et des processus en les testant de manière plus complète et plus efficace ». M. Profumo met toutefois en garde : « Les risques de manipulation des consommateurs ou de concentration du pouvoir ne sont pas inexistants : ils existent déjà, et la société peut et doit se donner les moyens d’être vigilante ».

Il faut donc des règles (même nouvelles) qui, comme c’est toujours le cas avec les progrès de la science et de la technologie, réconcilient l’innovation et l’éthique, en laissant précisément à l’éthique ce qui est sa caractéristique fondamentale : être une faculté entièrement humaine. « En d’autres termes, conclut Profumo, de même qu’il ne peut y avoir d’éthique de la machine, il ne peut y avoir d’éthique de l’intelligence artificielle.

By Nermond

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