sam. Juil 27th, 2024

Les tensions géopolitiques constituent aujourd’hui la plus grande menace pour l’économie mondiale. C’est ce qui a été dit hier Ajay Banga, président de la Banque mondiale s’adressant à une foule d’investisseurs « VIP » réunis à Riyad pour la Future Investment Initiative. Ce qui a occupé le devant de la scène pendant l’événement annuel qui se déroule dans la capitale saoudienne et qui est considéré comme un « Davos dans le désert ».  La conférence de Davos a pour objectif de faire le point sur la situation économique et sociale dans le monde, en particulier sur l’évolution des taux d’intérêt et sur les dernières tendances, telles que l’intelligence artificielle.

Les risques « ont tendance à évoluer rapidement », a commenté M. Banga, et ces questions ne doivent donc pas être ignorées non plus. Et dans une phase d’incertitude comme celle que nous vivons actuellement, la guerre entre Israël et le Hamas risque d’avoir de « graves » conséquences économiques. « Je pense que ce qui se passe en Israël et à Gaza aura un impact sérieux sur le développement », a déclaré le président de la Banque mondiale, ajoutant : « Je pense que nous vivons un moment très dangereux ». Dans l’assistance se trouvaient tous les grands noms de la finance de Wall Street, comme le numéro un de Jp Morgan, Jamie Dimon, celui de Goldman Sachs, David Solomon, et celui de Blackrock, Larry Fink. Parmi les plus pessimistes, Ray Dalio, le fondateur du fonds spéculatif Bridgewater,  selon lequel « si vous regardez l’horizon temporel et les politiques monétaires à venir », cela aura probablement un « impact majeur » sur l’économie, « et si vous regardez les écarts mondiaux, il est difficile d’être optimiste à ce sujet ». Noel Quinn, PDG du groupe Hsbc a mis en garde contre la possibilité d’atteindre un « point de basculement » pour les dettes publiques. « Le moment venu, cela se produira rapidement et je pense qu’il y a un certain nombre d’économies dans le monde qui pourraient être durement touchées ». Bill Winters, PDG de Standard Chartered a déclaré qu’il espérait que l’impact des guerres en Europe et au Moyen-Orient resterait limité et que les taux d’intérêt étaient « beaucoup plus urgents ».

En attendant, le moment d’incertitude a été confirmé hier par certains des indicateurs considérés comme les plus fiables pour la zone euro, qui, quelques jours avant la réunion de la BCE, ont mis en évidence les risques de gel du crédit dans les pays utilisant la monnaie unique et les difficultés persistantes rencontrées par les entreprises, tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services. En particulier, le « Bank Lending Survey » de la BCE, enquête trimestrielle auprès des banques, a montré que la demande de prêts des ménages et des entreprises a continué de baisser fortement au troisième trimestre, confirmant l’impact des hausses de taux d’intérêt que Francfort a elle-même portées à un niveau historique de 4,5 % en septembre dernier. Les normes de crédit pour les prêts aux entreprises ou les lignes de crédit se sont encore resserrées au cours du trimestre et, selon la BCE, le resserrement net cumulé à partir de 2022 a été substantiel. Le pourcentage net de banques faisant état d’un resserrement a légèrement diminué par rapport au trimestre précédent (12 % contre 14 %), mais a été légèrement plus élevé que ce que les banques avaient prévu au trimestre précédent. Les banques ont également fait état d’un nouveau resserrement net des critères d’octroi de crédits aux ménages pour les achats immobiliers, les crédits à la consommation et les autres prêts aux ménages.

Toujours hier, les indices PMI, qui sont des enquêtes auprès des directeurs d’achat, ont montré une nouvelle détérioration de l’activité économique en octobre, tant dans le secteur manufacturier que dans celui des services, tous deux en territoire de contraction. Jeudi prochain, Christine Lagarde, présidente de la BCE, sera appelée à justifier l’approche actuelle de Francfort (et des autres banques centrales), qui consiste à maintenir des taux d’intérêt élevés pendant une période prolongée. Selon les économistes de Commerzbank, les signes de récession dans la zone euro se multiplient et une nouvelle hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne dans les mois à venir devient « de plus en plus improbable ». Andrea Volpi, économiste au département Recherche et e-recherche d’Intesa Sanpaolo,  souligne que les Pmi préliminaires de la zone euro en octobre « montrent un déclin de la confiance dans l’industrie manufacturière et les services. Pour l’instant, notre scénario n’est pas encore celui d’une récession, mais étant donné les indications d’un ralentissement de la demande de travail, les risques de baisse deviennent plus tangibles ».

By Nermond

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