Est-il « correct » de rémunérer un compte courant à 0,40 % quand le taux moyen des crédits immobiliers est de 4,29 % ? Et faut-il s’étonner que les crédits aux ménages soient en baisse de 3,3 % et même de 4 % pour les entreprises, alors que le taux moyen pratiqué par les institutions est de 4,48 % et qu’il s’élève à 5,03 % pour les entreprises ? Dans son bulletin mensuel contenant les données du mois d’août, l’Association bancaire italienne (ABI) a effectivement confirmé hier une tendance du marché qui dure depuis un certain temps.
L’argent sur le compte courant n’a pas « droit » à une rémunération significative, même à l’époque des hausses record des taux d’intérêt de la BCE. Seuls ceux qui « bloquent » leur argent dans des dépôts à terme ou des certificats de dépôt peuvent voir leur épargne récupérer quelque chose contre l’inflation, avec un taux de rendement moyen de 3,36 %, en hausse par rapport aux 3,28 % de juillet.
Bien sûr, il y a quelques exceptions. Après des mois de bras de fer avec le gouvernement, qui s’est lancé dans un prélèvement sur les surprofits des banques, certaines banques ont commencé à faire bande à part. C’est le cas de la banque espagnole Bbva, qui vient de porter à 4 % le taux d’intérêt offert sur son compte courant sans frais en Italie. Autre exemple : Ibl Banca propose aux nouveaux clients un taux de 3,30 % brut la première année. Mais ce n’est là qu’une des rares exceptions. Pour le reste, comme l’explique Abi, le taux sur les seuls dépôts sur le compte courant est passé à 0,40 %, contre 0,38 % en juillet, « compte tenu du fait que le compte courant permet l’utilisation d’une multitude de services ». Comme si la simple possibilité d’utiliser ces services empêchait, en somme, une rémunération plus élevée.
Au total, en considérant également les certificats de dépôt, les dépôts à terme et les comptes à vue, le taux de rémunération moyen est passé de 0,76 % en juillet à 0,80 %, mais ce sont les dépôts à terme qui font grimper la moyenne. En juin 2022, avant les hausses de taux de la BCE, les mêmes dépôts à terme ne rapportaient que 0,29 % : leur hausse a donc été de 307 points de base. En juillet, le rendement des nouvelles émissions d’obligations à taux fixe s’élevait à 4,63 % (1,31 % en juin 2022), soit une augmentation de 332 points de base. D’autres données fournies par l’ABI concernent la taille des dépôts. Les financements indirects, c’est-à-dire les investissements en titres détenus auprès des banques, ont augmenté de près de 227 milliards d’euros entre juillet 2022 et juillet 2023, (133,1 milliards d’euros pour les ménages, 27,3 milliards d’euros pour les entreprises et le reste pour les autres secteurs, sociétés financières, compagnies d’assurance, administration publique).
En août 2023, les financements à moyen et long terme, par le biais des obligations, ont augmenté par rapport à l’année précédente (+16,7%), s’accélérant par rapport à juillet 2023 (+15,9%). Les seuls dépôts, sous leurs différentes formes, ont diminué de 5,5% en août 2023 par rapport à août 2022, ralentissant (-6,5% en juillet 2023). Le total des dépôts directs (dépôts de la clientèle résidente et obligations) est en baisse de 3,4 % en glissement annuel en août 2023 (-4,3 % en juillet 2023). Par ailleurs, les prêts non performants nets ont également augmenté, s’élevant à 16,5 milliards d’euros en juillet, soit une hausse de 2,2 milliards d’euros. On est loin du plafond de novembre 2015 où les prêts non performants s’élevaient à 88,8 milliards, mais le ratio par rapport au total des prêts s’établit à 0,97 % contre 0,81 % en décembre.