sam. Juil 27th, 2024

Twitter, ou plutôt X, pourrait faire faillite. C’est ce qu’affirme Elon Musk, le propriétaire de l’entreprise mais aussi et surtout un magnat qui aime provoquer et qui s’est engagé depuis longtemps à faire disparaître toute trace de Twitter. Son dernier objectif semble être de transformer le message social court en une plateforme similaire au chinois WeChat, mélangeant des fonctions de messagerie et de partage de type WhatsApp avec des parties plus sociales, des services pour les communications d’entreprise et les paiements électroniques.

Il s’agit donc d’un produit capable de dépasser le modèle social tel que nous le connaissons en Occident. Il doit le faire s’il veut effacer le rôle politique et social qu’a joué Twitter (sans son soutien, les printemps arabes n’auraient peut-être jamais vu le jour) mais aussi parce qu’il en a besoin pour survivre. Car s’il est un point sur lequel tous les experts s’accordent, c’est que les réseaux sociaux sont aujourd’hui à l’arrêt. Pas de crise. En tout cas pas dans le monde occidental où même Facebook, considéré par beaucoup comme un « truc de vieux », continue de se développer. Mais d’impasse, oui. Pour le dire un peu brutalement : nous les utilisons et les utilisons encore beaucoup, mais nous en sommes de moins en moins satisfaits. Pour comprendre ce que pourrait être l’avenir des réseaux sociaux, il faut cependant regarder au-delà de notre vie quotidienne et se rappeler qu’il s’agit d’un phénomène mondial qui concerne aujourd’hui 60 % de la population mondiale et qui s’est accru globalement de 170 millions de membres au cours de l’année écoulée. Les pays les utilisent de manière très différente et avec une fréquence très variable.

Par exemple, selon le dernier rapport We Are Social de juillet, 94,4 % de la population des Émirats arabes unis les utilisent, contre seulement 14,4 % au Nigeria. En Inde, 32,7 % de la population utilise les médias sociaux, contre 92,8 % en Corée du Sud. Le temps moyen passé chaque jour sur les médias sociaux dans le monde est de 2 heures et 26 minutes. Le pays qui passe le plus de temps sur les réseaux sociaux est le Brésil, avec une moyenne de 3 heures et 49 minutes par jour, tandis que le pays où ils sont le moins utilisés est le Japon, avec 47 minutes par jour. En Italie, 87 % de la population fréquente les réseaux sociaux. Pourtant, comme nous l’avons mentionné, les médias sociaux semblent être dans l’impasse. C’est-à-dire qu’ils ne parviennent plus à se développer et surtout à gagner autant qu’ils le devraient pour garantir leur avenir. Un point semble désormais clair : les utilisateurs apprécient de moins en moins les médias sociaux où les textes sont la principale caractéristique. Et ce n’est pas un hasard si TikTok (qui devient la télévision d’aujourd’hui, les utilisateurs passant des heures à « zapper » à travers des vidéos) et les bobines d’Instagram (et même de Facebook) sont de plus en plus populaires parmi les jeunes. Les images sont et seront de plus en plus au cœur de la communication sociale. Mais il en va de même pour la rapidité et la facilité du contenu, c’est-à-dire le contenu qui divertit et dont la consommation ne demande pas beaucoup d’efforts. Ce n’est pas un hasard si Threads, l’anti-Twitter de Meta, ne décolle pas. Au contraire, selon l’agence de presse Reuters, il a déjà perdu la moitié de ses abonnés un peu plus d’un mois après son lancement. Threads n’a d’ailleurs jamais été lancé en Europe.

Et ce pour une raison très simple : Meta craint que le nouveau durcissement des règles européennes en matière de réseaux sociaux, qui sera bientôt annoncé, n’engendre tellement d’enjeux qu’il devienne plus un coût qu’un atout pour le géant dirigé par Zuckerberg. La bataille du Congrès américain, qui voudrait interdire TikTok sur le territoire américain, complique encore le scénario. L’Europe envisage également de durcir le ton à l’égard des réseaux sociaux chinois. Ce qui rendrait l’avenir proche des réseaux sociaux encore plus nébuleux et risqué. Sans compter que le monde numérique est toujours à la recherche de nouvelles idées et de nouvelles applications (ce qui explique en partie les nombreuses petites nouveautés qui sont annoncées chaque mois sur les réseaux sociaux). Si nous, utilisateurs, sommes habitués, un peu paresseux et donc peu enclins au changement, nous ressentons de plus en plus, au fond de nous, une certaine lassitude sociale. Alors, sans le dire ouvertement, tout le monde (utilisateurs, annonceurs et même créateurs) attend de la nouveauté. Et si les journaux font la part belle aux alternatives possibles à Twitter comme Mastodon, T2, Post, Nostr, Bluesky ou Artifact, il devient de plus en plus clair qu’aucune d’entre elles ne semble destinée à prendre réellement sa place. Bref, le modèle social est en panne et son avenir est si nébuleux qu’il rend difficile l’émergence d’une véritable nouveauté (comme ce fut le cas pour TikTok en son temps).

By Nermond

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