sam. Juil 27th, 2024

L’entrepreneur qui s’adonne à la philosophie poursuit ses réflexions spéculatives. Ainsi, après des lettres comme celle pour un « nouveau contrat avec la Création » et celle aux jeunes, Brunello Cucinelli aborde une réalité qui émerge fortement, « un grand thème pour l’humanité », définit-il : l’intelligence artificielle. Destinée à bouleverser même le rapport de l’homme au monde du travail.

Le « roi du cachemire » tente toutefois de la présenter sous un jour positif, comme le veut son esprit : « Comme tant d’inventions qui ont accompagné l’histoire de l’humanité, favorisant son progrès, j’aime penser à l’intelligence artificielle comme à une nouvelle servante qui accompagne l’être humain pour inspirer et renouveler son génie et sa créativité », déclare l’entrepreneur de Borgo Solomeo dans une réflexion intitulée « Lettre de l’intelligence artificielle et humaine », qu’il a envoyée il y a quelques jours à ses amis et collaborateurs ainsi qu’au monde des mass media.

J’imagine cette nouvelle réalité comme un souffle capable de ranimer le feu vital de notre esprit humain », souligne encore Cucinelli, « une grande initiative éthique a été prise récemment pour obtenir des propositions de conception partagée de l’intelligence artificielle. Je regarde cette intention avec fascination, inquiétude et espoir, car elle démontre que tout le monde ressent le besoin d’un nomos semblable à celui que les Grecs anciens s’étaient donné comme règle de leur vie sociale et politique ».

L' »extraordinaire créativité » de l’humanité qui nous conduit aujourd’hui à l’IA, dans le raisonnement de Cucinelli, est avant tout l’attestation « que chaque nouvelle valeur jaillit des précédentes, en augmentant le caractère sacré de l’héritage antique et des lieux où la sagesse des pères est préservée : je pense aux livres et à ces temples silencieux que sont les bibliothèques ».
L’homme d’affaires pérugien, qui fêtera ses 70 ans le 3 septembre prochain, se dit donc « convaincu que la valeur du texte écrit, la matière ancienne de sa réalité physique, faite de papier et d’odeur d’encre, de poussière et de bois ancien, deviendront des déclencheurs utiles pour l’intelligence artificielle, car dans ces aspects réside, me semble-t-il, la valeur de la source, la possibilité, à mon avis unique, de dialoguer avec les anciens ».
« Tout au long de son histoire, l’être humain a toujours imaginé pouvoir créer des machines et des automates pour se libérer des tâches les plus lourdes et les plus répétitives. Cette aspiration était déjà évoquée par Aristote dans les Politiques », écrit Cucinelli, qui ajoute ensuite : « Il faut aussi rappeler que l’intelligence humaine s’est formée au cours de millions d’années, et il est difficile d’imaginer que l’artifice d’aujourd’hui puisse en réaliser une copie en moins de temps. C’est pourquoi la peur de l’intelligence artificielle, au-delà de l’usage que l’homme peut en faire, rappelle un peu la peur de l’inconnu qui assaillait les hommes face à la foudre avant que Prométhée ne leur apporte le feu en cadeau. Il semble donc, sinon qu’il faille la craindre, conclut Cucinelli, que l’intelligence artificielle soit estimée pour tous les bienfaits qu’elle peut apporter au monde dans la mesure où elle peut libérer l’homme des angoisses matérielles de sa vie actuelle, en lui restituant dans un contexte contemporain la dimension, le temps et l’espace d’une existence vécue en harmonie avec la nature, telle que l’humanité l’a connue depuis les temps les plus reculés jusqu’au siècle dernier, au moins. C’est pourquoi il ne m’est pas facile d’imaginer, en revanche, un automate ou un système artificiel capable de ressentir des émotions authentiques ou des sentiments profonds et vrais ; un robot pourra-t-il jamais lever les yeux au ciel, ressentir de l’émotion et voir de vraies larmes couler de ses yeux ?

By Nermond

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