sam. Juil 27th, 2024

Les affrontements en cours au Soudan entre l’armée du général al-Burhan et les milices du général Dagalo risquent également de faire dérailler les interventions de développement en faveur de la population locale. Il s’agit notamment d’initiatives de microfinance qui visent à donner de l’espoir à des groupes de femmes, d’agriculteurs et de petits producteurs. « À Khartoum, nous avons dû suspendre nos interventions et notre bureau a également été occupé par des paramilitaires. Heureusement, dans les trois autres Etats où nous sommes impliqués, Red Sea, Kassara et Gedaref, les activités se déroulent bien pour le moment, car ces zones sont encore épargnées par la violence », souligne Giampietro Pizzo, économiste et président de Microfinanza, une entreprise qui travaille précisément sur le front de l’inclusion financière « par le bas » dans divers contextes du Sud.

Nous sommes au Soudan depuis 2018 dans le but d’améliorer le système de crédit et de créer des services au niveau local », ajoute Pizzo, « le Soudan a du potentiel du point de vue économique, agricole, de la pêche et des petites entreprises. Avec nos interventions, nous essayons de faire en sorte que les gens vivent mieux, avec des projets qui ont également une pertinence pour les aspects sociaux tels que la santé. Nous aidons, par exemple, les groupes d’épargne composés de femmes, mais aussi les petites coopératives ou les petites banques. Nous nous occupons à la fois de la formation et de la fourniture de capital de crédit : cela nous permet d’exploiter l’épargne des bénéficiaires et d’améliorer ainsi leur capacité à financer de petites activités agricoles ou autres. Avec les recettes, les bénéficiaires peuvent aussi acheter des médicaments, par exemple, dans un système qui n’a pas de véritable protection sociale ».

Francesco Tuffi, chef de projet de l’équipe Microfinance Soudan, vient de rentrer du pays africain. « Pendant un an, avec notre équipe, nous avons analysé les besoins des populations locales et l’écosystème financier, avec le type de services offerts et leurs bénéficiaires. Nous avons ensuite conçu des interventions et des micro-projets à mettre en œuvre et à gérer par des réalités locales qualifiées, des interventions qui impliquent, par exemple, des groupes de femmes, des associations, des coopératives agricoles et des formations pour les petits entrepreneurs, et qui pour l’instant, à l’exception de Khartoum, sont en cours de réalisation.

Tuffi observe que « depuis les années 1950, le Soudan a connu des régimes successifs, des dictatures, des affrontements, mais malgré cela, les Soudanais restent un peuple très résistant, avec une force de propulsion vers l’avenir et un grand désir de se relancer et de faire face à de nouveaux défis. Les petits entrepreneurs sont pleins d’idées et nous nous efforçons de continuer à les soutenir autant que possible. Il sera difficile de tourner la page de la violence actuelle, mais si le soutien des organisations internationales se poursuit, la population pourra s’en sortir ».

L’un des objectifs de la Microfinance est de se rendre disponible sur le front du « cash transfer », l’aide en espèces pour les dizaines de milliers de personnes déplacées à l’intérieur du pays à cause des affrontements. Nous avons déjà travaillé sur ce front dans d’autres pays comme l’Ouganda, la Jordanie et le Liban, explique le Président Pizzo, la situation des personnes déplacées risque de devenir catastrophique d’un point de vue humanitaire. Nous nous coordonnons déjà avec la coopération italienne pour essayer de comprendre comment la situation évoluera dès que les programmes d’urgence, y compris ceux de l’UE, seront définis ».

By Nermond

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