sam. Juil 27th, 2024

En Chine, le nombre de Corona explose. Le débat sur les restrictions d’entrée suit de près en Europe. Mais certains experts sont sceptiques quant à la nécessité de telles mesures.

Une énorme vague de Corona déferle sur la Chine. En Allemagne et en Europe, la confusion règne plutôt que la clarté sur la manière d’y faire face. Certains exigent des tests obligatoires pour les voyageurs en provenance de Chine, d’autres estiment que c’est exagéré. La question de savoir si la Chine pourrait devenir un foyer pour des variantes de virus plus dangereuses est également en suspens. Les Etats membres de l’UE se sont mis d’accord mercredi soir pour réagir de manière uniforme.

Aspects importants de la situation actuelle :

Quelle est la situation en Chine ?

Plusieurs centaines de millions de Chinois ont déjà été infectés lors de la vague massive d’infections qui a suivi la fin abrupte de la politique stricte du « zéro covid » il y a à peine un mois. Il n’existe pas de tableau précis de la situation dans le pays le plus peuplé de la planète, car les autorités ne publient plus de chiffres. Les hôpitaux sont surpeuplés, les médicaments contre la fièvre et le rhume sont souvent en rupture de stock.

Faut-il s’attendre à ce que les voyageurs chinois soient nombreux ?

Après presque trois ans de fermeture totale, le pays s’ouvre à nouveau à l’étranger et le trafic aérien, longtemps réduit de manière radicale, devrait reprendre de plus en plus. Si, selon les experts, il y avait avant la pandémie environ 2500 à 3000 vols internationaux par jour, ce chiffre était parfois tombé à 100 ou 150.

La vague chinoise pourrait-elle se propager en Europe ?

L’autorité sanitaire européenne ECDC ne s’attend pas pour l’instant à ce que l’augmentation du nombre de cas en Chine ait un impact sur la situation épidémiologique dans l’UE. Les variantes qui circulent en Chine existent également ici, c’est pourquoi elles ne représentent pas un défi particulier pour le système immunitaire des citoyens. De plus, les citoyens de l’UE auraient en moyenne une immunité relativement bonne grâce aux contaminations et aux vaccinations. L’épidémiologiste Hajo Zeeb, basé à Brême, estime que la situation est similaire.

Sur quoi s’est-on mis d’accord au niveau européen ?

Les 27 États membres de l’UE n’ont pas réussi à se mettre d’accord mercredi sur l’obligation d’un test pour les voyageurs en provenance de Chine. En revanche, il est désormais fortement recommandé d’exiger un test de Corona négatif datant de moins de 48 heures avant le départ en Chine. On s’est notamment mis d’accord pour recommander le port d’un masque médical ou d’un masque FFP2 à bord des avions, a fait savoir mercredi soir la présidence suédoise du Conseil de l’UE.

La décision n’est pas contraignante pour les différents pays de l’UE, mais elle est considérée comme une ligne directrice importante. Les mesures seront réexaminées au milieu du mois. Plusieurs pays de l’UE avaient déjà pris les devants en adoptant des règles pour les personnes arrivant de Chine.

Les experts sont-ils d’accord sur les tests obligatoires ?

Non. L’épidémiologiste Gérard Krause du Centre Helmholtz de recherche sur les infections (HZI) de Braunschweig est contre les contrôles à l’entrée. De telles mesures de confinement sont « utiles pour une courte phase initiale d’une épidémie ou d’une pandémie, mais pas maintenant ». Il espère que « les autorités et les gouvernements ne se laisseront pas entraîner dans une concurrence de mesures ».

Hajo Zeeb part du principe que le fait de tester les voyageurs n’aurait que peu d’influence sur la propagation du virus. L’épidémiologiste Klaus Stöhr est du même avis. L’association fédérale des médecins du service public de santé ainsi que le président du conseil d’administration de l’Association médicale mondiale, Frank Ulrich Montgomery, sont en revanche favorables à une obligation de dépistage à l’échelle européenne. Les avis divergent quant à savoir s’il faut directement recourir à des tests PCR ou si des tests rapides suffisent dans un premier temps.

Quelle serait la fiabilité des tests rapides pour les personnes entrant dans le pays ?

Les tests rapides détectent les protéines du coronavirus. Ils ne réagissent qu’à une charge virale relativement élevée – contrairement à la PCR. La sensibilité des tests sur le marché est en outre très variable. Une étude de l’université Ludwig-Maximilian de Munich a révélé début 2022 que le taux de réussite de certains tests rapides courants pour la variante omicron se situait entre 31 et 78 pour cent en cas de charge virale très élevée.

Le président fédéral de l’association Virchow, Dirk Heinrich, voit, outre la sensibilité variable des tests, un problème dans la qualité du frottis : « Cela dépend beaucoup de la qualité de celui-ci – si l’on a été assez méchant, pour ainsi dire. Une petite caresse dans le nez ne suffit pas ».

Quelles mesures ont déjà été introduites dans les pays de l’UE ?

En France, des tests PCR seront désormais obligatoires après l’arrivée de Chine. L’Italie exige un test rapide aussi bien avant le départ qu’après l’arrivée. En cas de résultat positif, un test PCR est obligatoire. De plus, des séquençages d’échantillons positifs doivent être effectués afin de pouvoir détecter de nouveaux variants.

Jusqu’à présent, l’Allemagne n’exige pas de test négatif de la part des voyageurs en provenance de Chine. L’Autriche devait commencer mercredi à analyser les eaux usées provenant des toilettes des avions en provenance de Chine. Si des variantes devaient être détectées lors du séquençage, elles seraient signalées à l’UE et à l’OMS.

Quelles sont les variantes qui circulent actuellement en Chine ?

Richard Neher, directeur du groupe de recherche sur l’évolution des virus et des bactéries au biocentre de l’université de Bâle, conclut dans un rapport récent sur les variantes que deux variantes dominent en Chine, BF.7 et BA.5.2, qui sont déjà présentes en Allemagne. Les autres variantes détectées ressemblent à celles qui circulent dans le reste du monde. Jusqu’à présent, aucune mutation fortement divergente n’a été identifiée.

Quel est le risque d’une nouvelle variante dangereuse en provenance de Chine ?

La situation en Chine – beaucoup d’infections en peu de temps dans une population sans grand contact avec l’omicron – est « plutôt défavorable » au développement d’une variante de fuite immunitaire, explique Neher. Il n’y a pas de tendance générale à la gravité de la maladie.

La virologue Isabella Eckerle estime également qu’il n’est pas particulièrement probable qu’une variante échappant à un système immunitaire adapté au virus se développe en Chine. « Bien sûr, il est possible qu’une nouvelle variante plus inquiétante apparaisse, mais elle pourrait aussi provenir d’une autre partie du monde d’où nous recevons peu de séquences ».

Que pensent les spécialistes des tests sur d’éventuelles nouvelles variantes en provenance de Chine ?

Pour Richard Neher, la surveillance des eaux usées des avions ou des échantillons anonymes prélevés sur les voyageurs peut être un élément d’une stratégie de surveillance des variantes. Mais il précise aussi que « stopper une variante n’a jamais fonctionné ».

Klaus Stöhr estime lui aussi qu’une surveillance des variantes est « certainement intéressante sur le plan scientifique ». Toutefois, en cas d’apparition de variantes inconnues, il faudrait d’abord étudier quelles sont leurs propriétés réellement modifiées. Zeeb plaide pour une pression internationale afin que la Chine mette à disposition de meilleures informations sur les variantes qui y circulent.

By Nermond

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