Dans un monde confronté à l’escalade des conflits et aux conséquences du changement climatique, qui mettent en péril la sécurité alimentaire de plus de 735 millions de personnes, les prix des denrées alimentaires seraient encore en baisse et à leur niveau le plus bas depuis trois ans, en février 2021. Il s’agit d’une bonne nouvelle, après la flambée des prix de 2022 due également à la hausse des prix de l’énergie, même si d’autres facteurs pourraient compromettre l’approvisionnement alimentaire de communautés entières. Selon le rapport mensuel de la FAO, après la baisse de 13,7 % en 2023, les prix des denrées alimentaires ont encore baissé de 1 % au niveau international en janvier, sous l’effet des baisses des prix des céréales (-2,2 % en janvier) et de la viande. En glissement annuel, l’indice est en baisse de 10,4 %.
Le blé a été le principal contributeur à la baisse, tandis que les prix des céréales panifiables ont chuté sous l’effet d’une forte concurrence entre les pays exportateurs et de l’arrivée de la récolte de l’hémisphère sud. Les prix du maïs ont également baissé avec le début de la récolte en Argentine et des stocks plus élevés que prévu aux États-Unis. En revanche, les prix du riz, aliment de base dans de nombreux pays, ont augmenté de 1,2 %, « reflétant une forte demande de riz indica de haute qualité de la Thaïlande et du Pakistan et des achats supplémentaires de l’Indonésie », selon la FAO. L’indice des prix des huiles végétales a augmenté de 0,1 pour cent, tandis que l’indice des prix des produits laitiers s’est stabilisé et que celui de la viande a baissé pour le septième mois consécutif, de 1,4 pour cent. « L’offre abondante des principaux pays exportateurs a réduit les prix internationaux de la volaille, du bœuf et du porc », ajoute la FAO. Enfin, l’indice des prix du sucre a augmenté de 0,8 pour cent, en raison des « préoccupations concernant l’impact probable des précipitations inférieures à la moyenne sur les récoltes de canne à sucre brésiliennes, prêtes à démarrer en avril, ainsi que des perspectives de production défavorables en Thaïlande et en Inde ».
Données sur la faim
Les dernières sur « L’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde » (Sofi), publié par cinq agences des Nations unies en juillet dernier et portant encore sur les chiffres de 2022, révèle que la faim touche en moyenne 735 millions de personnes dans le monde, soit une augmentation de 122 millions par rapport à 2019, année précédant le déclenchement de la pandémie de Covid-19. Ce chiffre ne tient pas encore compte des conséquences des conflits qui ont éclaté par la suite et des catastrophes climatiques de ces deux dernières années, et risque donc d’être également sous-estimé. « Malgré les progrès accomplis dans la lutte contre la faim en Asie et en Amérique latine, en 2022, le phénomène semble encore s’aggraver en Asie occidentale, dans les Caraïbes et dans toutes les sous-régions du continent africain. Avec une personne sur cinq souffrant de la faim, soit plus du double de la moyenne mondiale, l’Afrique reste la région la plus touchée par la faim ».
Les risques de 2024
Les motifs d’inquiétude ne manquent pas non plus en 2024, à commencer par l’escalade du conflit au Moyen-Orient, qui pourrait faire grimper les prix des denrées alimentaires en raison de l’augmentation des coûts de production et de transport. Mais ce n’est pas tout : le phénomène climatique El Niño, qui durera au moins jusqu’en avril, pourrait aggraver les sécheresses et les inondations dans des régions telles que l’Afrique du Nord, l’Asie du Sud, l’Amérique centrale et l’Australie. Parmi les autres facteurs de risque figurent les restrictions à l’exportation, telles que celles décidées par l’Inde, qui a interdit l’exportation de riz basmati, précisément à titre préventif pour contrer les effets d’El Niño. Enfin, les conditions macroéconomiques mondiales, telles que la flambée des taux d’intérêt des banques centrales et l’augmentation des coûts de financement qui affectent les prêts et les investissements dans l’agriculture et les exportations. La tendance positive à la baisse des prix des denrées alimentaires est donc confrontée à un certain nombre de risques qui ne garantissent ni la poursuite de cette trajectoire ni une diminution parallèle de l’indice de la faim dans le monde.