sam. Juil 27th, 2024

Encore un « choc » entre la protection de l’environnement et de la santé et la défense de nombreux emplois. Une fois de plus, cela se passe dans le Sud, comme avec l’Ilva de Tarente. Cette fois-ci, il s’agit du port de Gioia Tauro, le plus important port à conteneurs d’Italie, le cinquième d’Europe, le troisième de la Méditerranée, mais qui, à la fin de l’année, pourrait être le premier ou le deuxième. Il s’agit de la plus grande entreprise de Calabre, représentant 50 % du PIB privé de la région, avec 1 400 employés directs, 600 employés externes et une industrie connexe de 2 000 autres personnes. Dans une région où le taux de chômage est très élevé. Un port en croissance constante. Pourtant, ces derniers jours, les syndicats, les municipalités et la région de Calabre elle-même ont dénoncé les graves conséquences possibles pour l’emploi et la survie même du port de la prochaine entrée en vigueur, le 1er janvier 2024, de la directive européenne sur le système de transfert des émissions (Ets), qui découle du paquet « Fit For 55 » exigeant la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990.

La directive prévoit également cette réduction dans le domaine maritime et impose aux armateurs de compenser les émissions polluantes, c’est-à-dire de payer de lourdes « amendes ». Pour les transporteurs opérant à Gioia Tauro, il s’agirait d’une charge supplémentaire de 100 000 euros et plus. Ils pourraient ainsi transférer leurs lignes vers des ports d’Afrique du Nord, non soumis aux normes européennes, comme Port Saïd et Tanger, qui concurrencent Gioia Tauro sur le podium méditerranéen. La norme européenne concerne les navires d’un tonnage supérieur à 5 000 tonnes et touche les ports ayant plus de 65 % du trafic en de transbordement, c’est-à-dire le transbordement, qui consiste à charger des navires plus petits à partir d’énormes navires transportant des milliers de conteneurs. Gioia Tauro est précisément ce type de port, avec un mouvement qui, d’ici la fin de l’année, devrait atteindre 4 millions de Teu, l’équivalent d’un conteneur de 20 pieds. Les navires les plus grands, mais aussi les plus polluants, arrivent donc dans le port d’escale calabrais.

Comme l’explique Mauro Albrizio, responsable du bureau européen de Legambiente, « 3 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des navires, un chiffre qui continue d’augmenter alors qu’il diminue dans d’autres secteurs. La conversion à des moteurs moins polluants est possible, les navires de croisière l’ont entamée, moins les cargos. Et maintenant, trois mois après l’entrée en vigueur de la directive, les gens protestent, mais elle a été approuvée il y a un an et pendant la discussion et même après, personne n’avait posé ces « problèmes ». Prenons un exemple. Si un navire partant de Singapour (un port non européen) fait escale à Gioia Tauro (donc dans l’UE) et se rend ensuite à Anvers (également dans l’UE), la compagnie devra payer 50 % des émissions générées entre les deux premiers ports et 100 % de celles générées entre les deux autres. Mais si le port d’escale intermédiaire est Port-Saïd ou Tanger, elle ne paiera que 50 % de la deuxième étape. Une économie de 100 000 euros. Environ 50 % du trafic intercontinental des hubs se fait sur des routes reliant l’Asie aux Amériques.

Le navire qui part de Singapour, fait escale à Port Saïd et se rend ensuite à New York ne paiera rien, puisqu’il s’agit de trois ports non européens. Ce n’est pas le cas si l’escale intermédiaire est Gioia Tauro. D’où le risque que les transporteurs abandonnent le port calabrais, plus coûteux. De plus, à partir des ports d’Afrique du Nord, les conteneurs pourraient également partir vers l’Europe avec des navires de moins de 5 000 tonnes, donc exclus du paiement des quotas. Autre avantage. Pas environnemental, car dans tous les cas, les émissions ne diminueraient pas et l’Europe ne serait certainement pas épargnée par la pollution à quelques centaines de kilomètres de là. Aujourd’hui, peut-être à contretemps, la protestation en Calabre a été déclenchée. Ils demandent des dérogations ou des extensions. Le 17 octobre, manifestation à Gioia Tauro.

By Nermond

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