ven. Oct 4th, 2024

Quelqu’un l’appelle déjà l’ère du renoncement, et il n’est pas difficile de comprendre pourquoi. Le coût élevé de l’énergie et l’inflation galopante, les salaires au point mort, l’épargne désormais érodée par deux années de restrictions : pour les familles italiennes, c’est l’heure des choix, des choix qui, sur le plan de la consommation, impliquent plus d’un sacrifice. On l’a vu cet été, avec la baisse du tourisme, on le voit dans les fréquentes enquêtes sur la propension à l’achat, on le certifie, une fois de plus, par les dernières données sur les ventes au détail publiées aujourd’hui par l’Istat, qui parle d’une baisse de -4,5% du volume des biens vendus par rapport à l’année précédente (-0,2% en juillet), contre une augmentation de 2,7% en valeur (+0,4% en juillet). Les Italiens sont donc contraints de dépenser plus pour acheter moins, une tendance qui ressort également clairement de l’avant-première du rapport Coop sur la consommation et les styles de vie présenté aujourd’hui encore, qui définit les Italiens comme un peuple qui est désormais (nécessairement) champion du renoncement.

Les achats immobiliers, les achats de voitures et même de biens technologiques chutent de 40 % : l’année dernière, les Italiens ont acheté 1,3 million de téléphones portables en moins, ce qui est énorme. Les chariots de supermarché (l’inflation pour les produits alimentaires est encore proche de deux chiffres) sont de plus en plus légers : -3% est l’évolution des ventes à prix constants au cours du premier semestre, tandis que pour tous les autres biens, les produits d’occasion sont en train de gagner du terrain. Pas moins de 33 millions d’Italiens ont vendu ou acheté des biens d’occasion au cours de l’année écoulée. L’inflation, souligne le rapport Coop, a réduit le pouvoir d’achat de 6 700 euros par habitant au cours des deux dernières années, tandis que le travail, qui a atteint un niveau record de 23,5 millions en 2023, ne paie pas autant qu’il le devrait. En effet, 70 % des actifs déclarent avoir besoin d’au moins un mois de salaire supplémentaire pour mener une vie décente.

Pour faire face aux augmentations, on ajoute du travail au travail, alors que seul un Italien sur quatre déclare pouvoir mener la même vie qu’il y a quelques années et que l’écart entre les salaires des plus de 45 ans et ceux des plus jeunes se creuse de plus en plus.

La classe moyenne s’appauvrit également de plus en plus et de nouvelles tendances se consolident, comme celles décrites par Istat, qui voient les achats de produits alimentaires à bas prix s’envoler, les magasins d’alimentation discount enregistrant une augmentation des ventes de +9,7 % en valeur de janvier à juillet de cette année. Nous nous trouvons cependant dans le slalom des points de vente, où les gens changent de magasins, de supermarchés ou de discounters à la recherche de promotions sur différents produits. Il est certain que le gaspillage fait l’objet d’une attention accrue, sans compter, souligne Coop, que la baisse est plus forte pour les ventes de produits de marque, tandis que les produits de marque de distributeur, qui garantissent un prix plus bas tout en offrant une qualité convenable, trouvent de plus en plus de place dans le caddie. Une famille de la classe moyenne sur quatre affirme, entre autres, qu’elle ne pourrait pas faire face à une dépense imprévue de 2 000 euros, tandis que 35 % de la tranche de revenus la plus basse ne pourraient même pas faire face à une dépense imprévue de 800 euros.

En fait, dans l’ensemble, l’augmentation de la consommation est à un point de non-retour : 36% des Italiens ont l’intention de la réduire, en diminuant les occasions de convivialité, tandis que seulement 11% sont convaincus qu’il faut l’augmenter. Déjà 10 % des Italiens déclarent ne pas arriver à la fin du mois et 23 % y parviennent mais craignent constamment de ne pas y arriver. Même si vous arrivez à joindre les deux bouts, vous faites de gros sacrifices (20 %) ou au moins quelques sacrifices.

« Le salaire minimum est une mesure juste, tout comme la réduction du coin fiscal doit être réalisée », c’est l’appel lancé au gouvernement par Marco Pedroni, président de l’Ancc-Coop. Pour sa part, Maura Larini, présidente de Coop Italia, demande à nouveau au secteur de « travailler ensemble pour récupérer des volumes et trouver un équilibre de prix à proposer à nos clients ». Le début du trimestre anti-inflation annoncé par le gouvernement après un accord avec la grande distribution est prévu pour le 1er octobre : le pacte d’économie devrait être signé en début de semaine prochaine. Les magasins qui rejoindront l’initiative devront afficher un autocollant tricolore. Pour les familles, cela se traduirait par des prix bloqués sur un panier de produits jusqu’à la fin de l’année, mais aussi par d’autres initiatives commerciales en faveur des consommateurs. Les associations de l’industrie alimentaire n’ont toutefois pas voulu en entendre parler jusqu’à présent, invoquant l’augmentation constante du prix des matières premières et d’éventuels problèmes avec les autorités antitrust.

Une voie de dialogue est néanmoins ouverte. Lors de la présentation en avant-première du rapport Coop aujourd’hui à Milan, le président de la Federdistribuzione Carlo Alberto Buttarelli était assis à côté d’Alessandro d’Este, vice-président de Centromarca. Demain encore, une réunion devrait se tenir au ministère de l’Entreprise, à laquelle devraient participer, outre Centromarca, des associations telles que Federalimentare et Ibc. Les canaux de défense du pouvoir d’achat sont absolument ouverts », a souligné hier M. d’Ese, « mais il ne peut y avoir de cartels ». Les données montrent « une situation économique complexe pour les familles », a noté pour sa part M. Buttarelli, parlant d’habitudes d’achat « de plus en plus orientées vers l’épargne et la commodité ». Il faut agir vite si l’on veut inverser la tendance et soutenir davantage les familles.

By Nermond

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *