mer. Avr 24th, 2024

Les compétences manuelles appliquées au travail social peuvent donner un nouveau souffle au travail traditionnel du papier mâché et de la terre cuite. Eustachio Santochirico, dit Uccio, jeune maître papetier de Matera, est l’auteur du char triomphal qui a défilé dans les Sassi en juillet dernier, à l’occasion de la fête de la Madonna della Bruna, patronne de la ville, après un arrêt forcé de deux ans dû à la pandémie. En 2019, Uccio et un groupe d’amis, dont sa future épouse, ont décidé d’accepter l’appel du pape François à unir leurs forces pour créer une nouvelle économie plus juste qui commence par les gens. Un défi difficile à relever dans un pays où décider de rester est déjà un acte de foi dans la possibilité d’un changement. Uccio est le directeur artistique d’un atelier d’artisanat géré par une coopérative sociale qui fournit du travail à de nombreux jeunes atteints du syndrome de Down. Une expérience née après la rencontre avec EoF. « Oltre l’arte Matera » est né du projet Policoro de la Conférence épiscopale italienne et est chargé d’accueillir les touristes non seulement dans la ville des Sassi mais aussi dans certaines zones de la province. Parmi les nombreuses activités de la coopérative, qui emploie 60 personnes, dont 12 sont trisomiques, figure l’atelier d’artisanat solidaire dont Uccio est le directeur artistique. Il travaille avec une « équipe » de douze personnes, dont six garçons spéciaux. Ensemble, ils créent un projet social inclusif ainsi qu’un projet artistique.

« En 2021, l’espace d’une paroisse du quartier de La Nera a été régénéré et transformé en un pôle social qui produit de l’artisanat mais fait aussi des activités éducatives », explique Santochirico. « Nous créons de petits objets en papier mâché et organisons des ateliers pour les touristes et les écoles ». Les enfants ont un contrat de travail régulier, ils sont les protagonistes. L’atelier est un exemple réussi d’écologie intégrale. Nous achetons l’argile, tandis que pour le papier mâché, nous utilisons des déchets d’imprimante, des sacs de farine mis au rebut et d’autres matériaux qui nous sont donnés par des associations ou des particuliers. Très souvent, nous choisissons des banlieues où le niveau de pauvreté en matière de logement est élevé pour réaliser nos activités ouvertes au public. Nous poussons les enfants à rêver, les enfants se salissent les mains avec de l’argile et du papier mâché, ils font des choses ensemble ». Un projet plus complexe est développé avec les lycéens, des textes d’EoF sont lus pour essayer de comprendre le sens de ce changement économique, les concepts de bien commun et de bonheur. Ensuite, il y a les projets pour les touristes qui en sont encore au stade d’expériences embryonnaires.

Tout est encore en cours de réalisation, j’ai combiné ma passion pour ce travail avec la disponibilité de la coopérative. Ce sont les maîtres qui expliquent aux élèves et aux touristes comment travailler ces matériaux », ajoute le maître fabricant de papier mâché. Dans les régions de la Basilicate, promouvoir le changement signifie souvent récupérer les anciennes traditions. Uccio s’est mis en réseau avec d’autres jeunes entrepreneurs en recueillant et en cartographiant les différentes réalités. Nous avons réalisé que nous partageons la vision commune de quelque chose qui n’est pas encore, avec beaucoup d’entre eux nous sommes restés en contact même après EoF. Vivre la Basilicate, c’est faire le choix du changement, quelles que soient les convictions politiques », conclut M. Santochirico. « Il y a des projets d’agriculture sociale, des sentiers naturels, de l’art de rue pour transformer des villages abandonnés en musée en plein air. Faisons ensemble un travail choral pour améliorer le contexte dans lequel nous vivons, nous avons une grande envie de mener cette transformation en mettant en commun nos talents ».

By Nermond

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