« Je vous renouvelle, et pour la dernière fois, ma demande de bien vouloir libérer le domaine public communal de Calcomier, au plus tard le dimanche 24 mai prochain » : dans un courriel en date du 19 mai, le maire de Rodez enjoint les Gilets Jaunes installés au rond-point de Calcomier depuis plus d’un an à débarrasser leur campement et quitter les lieux, invoquant des raisons de « sécurité et salubrités publiques ». Mais ces derniers n’entendent pas plier…
« Nous sommes prêts à nous opposer physiquement »
Vers un bras de fer ?
C’est la troisième demande formulée par Christian Teyssèdre à l’encontre des Gilets Jaunes de Calcomier, après celles faites en avril et juin 2019. Mais si les principaux intéressés reconnaissent que le ton de la municipalité est « courtois » et « la remercient de ne pas avoir fait usage de la force ou d’autres moyens coercitifs », ils n’en demeurent pas moins bien décidés à rester là où ils sont.
« Nous avons d’autres chats à fouetter qu’une cabane au bord d’un rond-point ! »
Pour Jean-Claude, militant actif des Gilets Jaunes de Rodez, ce n’est pas le moment de cesser le mouvement : « ce ne serait pas responsable de le faire. Nous devons au contraire relancer notre action car la crise sanitaire a aggravé la crise économique et sociale déjà existante ».
« Le plus important pour nous, c’est la situation sociale qui se dégrade à vitesse grand V : les risques de licenciements massifs, les menaces sur les 35H, la spirale déflationniste, le gouvernement qui distribue des milliards sans contrepartie… il faut une mobilisation de l’opinion publique contre la véritable catastrophe qui s’annonce ! »
(Jean-Claude, Gilet Jaune ruthénois)
Autant de raisons selon eux de ne pas respecter la demande formulée par le maire de Rodez. « Nous sommes sur un terrain public, ce sont nos impôts ! » déclare Jean-Claude, qui participera aux tours de garde organisés sur le campement d’ici lundi avec ses camarades.
« Lundi, nous serons une cinquantaine »
Si on ne voit jamais plus d’une dizaine de gilets jaunes au rond-point de Calcomier, ces derniers se disent « beaucoup plus nombreux » : « lundi, on sera une cinquantaine » annonce l’un d’entre eux. Tous se disent prêts à s’opposer physiquement à toute tentative d’expulsion qui pourrait être menée à partir de ce lundi 24 mai…
Les Gilets Jaunes ruthénois ont par ailleurs reçu le soutien du syndicat Solidaires 12, qui dénonce dans un communiqué « le cynisme LREM » du maire de Rodez, qui profiterait selon eux de la crise du coronavirus pour expulser les fauteurs de troubles : « Les capitalistes n’hésitent pas à profiter des situations de désastres pour faire passer leurs mesures les plus ultra-libérales ». Le NPA a lui aussi rejoint le mouvement par la voix de son porte-parole local, Armand Kleve : « s’attaquer à ce rond-point, c’est s’attaquer à la convergence des luttes. Il faut refaire de la politique. Nous réclamons des masques gratuits pour tous, l’interdiction des licenciements et une baisse généralisée du temps de travail »…